Contrer l’islamisation et la radicalisation
In
Contrer l’islamo-jihadisme terroriste
M. Olivier Roy a publié un ouvrage intéressant sur lequel il a été interrogé au Club de la Presse d’Europe1. Il s’est exprimé sur le jihadisme et les jihadistes, apportant une vue nouvelle sur ce phénomène qui nous apporte le terrorisme en France. Il parle d’«islamisation des radicaux » en contredisant Gilles Kepel et ses élèves qui parlent de « radicalisation de l’islam ». Olivier Roy parle de « losers ». Il est vrai que militairement, les partisans de l’État Islamique (ad-dawla al-islāmiyya ou DAECH) a été durement étrillé sur le terrain de l’Irak et de la Syrie. Ils ont perdu mais n’ont pas été éradiqués. Le fondateur de ce mouvement islamiste Abou-bakr-al-Bagdadi est mort au fond d’un tunnel mais des groupes jihadistes, restes du califat, subsistent sur le terrain et ont laissé des relais dans les pays occidentaux, en France en particulier. Comment lutter contre ceux qui ont ce dernier mois, alimenté de manière tragique l’actualité de notre pays.
1 – Un précurseur lanceur d’alerte
Nous ne pourrons dire que nous avons été surpris, surtout en haut-lieu, parmi les hauts-personnages qui nous gouvernent. Xavier Raufer, Alain Bauer, les groupes de travail des Associations régionales des Anciens Auditeurs de l’IHEDN ont suffisamment tiré la sonnette d’alarme. Nous serions gouvernés par des Autistes ou par des gens qui affirment que l’Histoire (avec un H majuscule) commence avec eux. A l’opposé, les scientifiques qui vont traiter un sujet vont rechercher ce qui a été écrit avant eux et en font le point de départ de leur recherche, soit pour contredire, soit pour confirmer et ajouter, de toutes façons, une nouveauté. M. Olivier Roy vient de nous livrer sa version, M. Macron et ses marcheurs devraient bien lire ce que leurs prédécesseurs ont écrit et les lois qui ont été votées. C’est ce que trois auteurs ont publié en 2015 (Le jihadisme: le comprendre pour mieux le combattre.- David Benichou (magistrat), Farid Khoroskhavar (universitaire) et Philippe Migaux (universitaire), Plon (département d’Edit), 2015).
1.1 – un livre a relire
Le livre que nous citons ici est à relire avec attention surtout le chapitre rédigé par le magistrat anti-terroriste (AT) David Benichou (pp. 324 à 403). Les pages consacrées au plan de lutte contre les filères syriennes (pp. 358-368) ont retenu notre attention en les rapprochant des déclarations d’Olivier Roy. Le juge, fort de son expérience de magistrat AT et de son observatoire des phénomènes terroristes nous précise que « Le régime de lutte anti-terroriste est caractérisé par des procédures dérogatoires au droit commun », ce que nous admettons. Les méthodes des terroristes sont abjectes et le fait de lâches. Cependant, avec les autres formes de criminalité, il partage les techniques d’enquêtes strictement encadrées par la loi.
Le juge affirme (page 129) que le terrorisme islamisto-jihadiste emploie les mêmes techniques à la fois ancestrales et modernes : ruse élémentaire (contre-filatures, cloisonnement des moyens de communication) et les formes modernes (navigation Internet, cryptage, détection de micros-espions, de caméras, …). Il affirme que le jihadisme n’est qu’une forme de ciminalité organisée qui emploie régulièrement des anciens braqueurs, de petites frappes (voyous), trafiquants de stupéfiants et de cigarettes, parfaits connaisseurs des techniques d’interrogatoires et d’enquête pour les avoir endurés. Le profil du terroriste se construit avec le temps, soit en prison, soit dans ses quartiers.
1.2 – La stratégie islamo-jihadiste fasciste-terroriste
Quel est le rapport avec l’Islam ? Le jihado-terroriste sait que la liberté de religion est garantie par la constitution. Il va se servir de l’Islam pour semer les graines de la discorde, habiller ses actes crapuleux des valeurs religieuses. Il nous réclame, au nom de nos valeurs les droits et libertés inscrits dans nos textes fondamentaux, pour instituer une organisation totalitaire à caractère religieux (une théocratie). Lui ou ses maîtres à pense osent puiser dans le versets les plus belliqueux du Coran et les hadiths les plus sombres les affirmations les plus radicalement opposés à nos valeurs.
Le juge nous dit (p. 129), en 2015, que « l’assassinat perpétré à Charlie-Hebdo en a été la sanglante démonstration » (refus de reconnaître la primauté de nos lois).
1.3 – Le manque total d’esprit humoristique
La culture moyenâgeuse reçue par les candidats au martyre ignore totalement ce qu’est l’esprit critique et notamment le caractère humoristique d’une caricature. L’humour féroce s’oppose à l’interdiction pour le musulman de représenter un visage, voire un corps humain. Il exprime, certes, une dérision mais celle-ci est permise par la loi de notre pays. C’est un droit de l’homme (être humain) de s’exprimer librement Or, le militantisme islamiste se sert de cette liberté pour protester, il en a le droit mais pas le droit de tuer ou d’inciter un jeune écervelé (à qui on a lavé le cerveau) à parcourir 2.000 km depuis la Tunisie pour venir tuer trois citoyens français dans une église ! La pratique d’un tel islam est incompatible avec nos lois, nous sommes en état de légitime défense.
Le droit à la sûreté figure dans nos lois fondamentales, comme le droit de tirer accordé à nos forces de l’ordre devant un agresseur qui les menace.
Le terrorisme jihadiste est un monstre contemporain, une hybridation d’une sous-culture religieuse, d’une haine anti-juive, d’un fantasme conspirationniste, d’un nihilisme et d’un culte de la représentation de soi, le tout se développant sur des terreaux qui, au fil des interrogatoires judiciaires, commencent à livrer leurs invariants structurants. Le juge Benichou met en avant la fragilité des populations visées plus ou moins en difficultés (famille, revenus, emplois, relations affectives, …) chez lesquelles deux dimensions vont faire basculer le levier de la conversion radicale :
- conversion au sens propre lorsqu’il sera question d’opter pour l’islam,
- conversion au sens figuré lorsque le musulman d’origine va opter pour la radicalité, pour un projet collectif ou individuel jihadiste violent.
Toute forme d’humour est exclue de la pensée jihadiste.
2 – La reprise des théses sur la radicalisation
Selon le site d’Europe1 (La Club de la Presse, 4 décembre 2015), Olivier Roy reprend et valide sans la mentionner, l’analyse du magistrat David Benichou publiée la même année. Il va plus loin.
2.1 – L’islam, nouvelle aventure
Olivier Roy déclare que les islamistes radicaux sont « d’abord radicaux avant d’être islamistes ». Ce sont souvent des jeunes qui vont très peu à la mosquée, boivent et vont en boîtes de nuit (le portait de l’assassin de la basilique de Nice Ibrahim Issaoui, à ceci près qu’il n’y a pas de boîtes de nuit à Sfax accessibles à un jeune homme pauvre). Ce sont souvent des petits délinquants qui en quelques semaines se laissent pousser la barbe, cessent de boire et de fumer du shit et basculent vers le crime terroriste. Roy évoque un déclic individuel.
2.2 – Les convertis et les autres
En 2015, Olivier Roy souligne le rôle des convertis dans le jihadisme criminel violent. Un quart de ces individus français sont des français de souche chrétiens convertis ou des enfants de musulmans appartenant à la deuxième génération, souvent en rupture avec la cellule familiale et parentale. Ils trouvent dans l’islam radical et le jihadisme « le grand récit fantasmé des Mille et Unes nuits ». Convertis ou musulmans de souche, ces jeunes qui vont peu à la mosquée ont à peine entendu réciter un ou deux versets du Coran parlant d’épées flamboyantes, de courses à cheval ou à chameau, de butins rutilants, de belles esclaves capturées, … On leur promet monts et merveilles au nom de livres qu’ils sont incapables de lire, ils sont analphabètes en langue arabe ancienne. Mail, il y a le rêve de la reconquête de l’Andalus et de la Narbonnaise ! On ne leur dit pas que Charles Martel (Poitiers 732) a filé une bonne raclée aux Sarrazins d’Abd el-Rahman (tué là).
2.3 – Les shahids et les houris : le paradis d’Allah
Ces nouveaux Aladin (Alaeddine) voient s’ouvrir la possibilité de faire le grand récit de leurs aventures nouvelles sur les médias, de devenir des martyrs (shahids) et l’aller au paradis forniquer des vierges éternelles (houris) pour l’éternité ». Ce que leur ont fait croire des prêcheurs sans scrupules ravis d’avoir de la chair à canons bien fraîche. Du statut de losers (perdants), ces écervelés deviennent des vengeurs aux cris d’Allah Akbar. Ils savent que les policiers ont reçu la consigne de les abattre, au cas où ils dissimuleraient des ceintures explosives ! Ils vont au suicide le coeur joyeux ! en entraînant avec eux le plus possible de victimes chez les infidèles (kouffars). Selon Olivier Roy, en se tuant ou se laissant tuer, ils sont purifiés de leurs forfaits antérieurs et peuvent même gagner le paradis pour leur famille !
Comment lutter contre ce fléau ?
3 – Comment lutter
Lutter contre le terrorisme jihadiste et contre ses inspirateurs (DAECH, Al Quaïda et consorts), selon le politologue Olivier Roy, passerait par « passe par l’épuisement de la fascination », … « en cassant ce discours d’héroïsme que DAECH [et consorts] tient sur lui même ». Or, DAECH est donné comme anéanti mais son discours belliqueux et mortifère a été diffusé et entendu dans le monde entier. Abou Mohamed al-Adnani, le ministre des attentats de DAECH, a trouvé la mort en Syrie le 30 août 2016. Il a lancé un appel au jihad contre la Russie et l’Amérique mais on le soupçonne d’avoir organisé les attentats du 13 novembre 2015 à Paris. Ses appels ont été entendus et sont rémanents malgré sa disparition. Entendus et écoutés en France et à l’étranger.
3.1 – Lutte sur notre territoire national
Comme pour la lutte contre le virus Sars-CoV2 (CoVid19), il faut barrer la route à, tracer et dépister le jihadisme terroriste. Il y a un parallélisme entre virus Covid et le virus terroriste.
3.1.1 – Barrer la route à l’immigration indésirable
Nous devons contrôler l’immigration qui entre en France. Nous devons exercer la Souveraineté Nationale. Nos forces de police et de gendarmerie, notre armée, sont là pour nous protéger. Elles doivent recevoir l’appui des réservistes. Au fait, où est passée notre Garde Nationale ? On n’en entend plus parler ! Elle a disparu ! Il faut y ajouter l’action de nos douanes et de TracFin. Tout ce qui réaffirme notre force et notre souveraineté nationale doit être mis en oeuvre, y compris la vigilance citoyenne. Notre pays a une fâcheuse relation à la vigilance citoyenne qui s’est exercée en 1940-45 par la collaboration avec une puissance occupante. En 2020, nous luttons contre l’occupation d’une 5e colonne terroriste et contre une maladie encore mal connue.
3.1.2 – Renseigner nos dirigeants
Le renseignement intérieur est le phare qui éclaire la route des policiers et gendarmes chargés de réprimer les actes délictueux et, surtout, les prévenir, les empêcher. La Direction Générale de la Sécurité Intérieure (DGSI) est chargée de ce travail indispensable. Au moins un attentat par mois est évité.
Du renseignement à la poursuite judiciaire des crimes terroristes, la question se pose des moyens mis en œuvre et de leur répartition. Comment se fait la mise en œuvre des trois composantes successives du traitement (instruction) d’une affaire de terrorisme (d’après David Benichou, 2015) :
- acquisition du renseignement,
- enquête judiciaire (enquête de flagrance, ou préliminaire) dirigée par le parquet anti-terroriste, information judiciaire sous la direction des magistrats instructeurs anti-terroristes,
- phase du procès devant la cour d’assises spéciale composée de magistrats professionnels puis juridiction d’application des peines.
La communication entre les activités de renseignement dans la plus grande discrétion, leur coordination au sommet de l’Êtat posent le problème des libertés publiques, une dérogation à une instruction de droit commun et le travail en commun renseignement-justice. La problématique jihadiste souligne la pertinence du risque de perte du contrôle démocratique qui s’exerce sur le renseignement.
Le problème de la coordination des services (DGSE, DGSI, DRM, DPSD, DND, DRP, etc.) semble en voie de solution. Se pose alors le problème de la coordination avec les autres pays européens.
3.2 – Lutte sur notre territoire européen
Le problème est soulevé de la création d’une agence de renseignements européenne. Après chaque attentat majeur sur le sol européen, des voix s’élèvent pour demander la création d’une agence européenne de renseignement. Ce problème est loin d’être résolu. « Nous n’avons pas d’amis, nous n’avons que des alliés » dit une membre d’un service de renseignement très fermé, la DPSD.
L’agence Frontex déployée sur les frontières de l’Europe ne semble pas donner satisfaction, l’exemple récent du transit de terroristes à travers l’Italie vers Nice en est un exemple. Notre Ministre de l’Intérieur va rencontrer son homologue italien pour traiter directement le problème du refoulement des indésirables et notamment le cas de ce Tunisien qui ‘na pas déposé de demande d’asile, n’a pas été refoulé et a pu gagner la France et la ville de Nice où il a commis son forfait.
3.3 – Lutte à l’étranger
Hors du territoire national commence le territoire étranger. Une certaine coopération existe avec certains états mais le gros du travail de renseignement est le fait de la Direction Générale de la Sécurité Extérieure (DGSE).
C’est une entité dépendant du Ministère des Armées, travaillant en étroite coopération avec la DGSI, son homologue civil. Bien entendu, ses activités sont secrètes. C’est la condition essentielle de son efficacité. C’est une jeune analyste de la DGSE qui a permis à un drone armé de pulvériser la voiture du chef shebabs (un terroriste somalien).
D’autres services sur lesquels il ne nous appartient pas de nous étendre assurent la sécurité de nos armées en opérations extérieures. Mais rien ne pourra être fait si la France, une démocratie, ne se dote pas d’une législation d’exception et, en attendant, n’applique pas les lois existantes et ne facilite pas le transfert des informations vers l’appareil judiciaire.
4 – La barrière législative en France
Le magistrat David Benichou décrit, en 2015, à propos du jihadisme, les 23 mesures découlant de la loi du 13 novembre 2014. Mais qu’en est-il de l’application de cette loi ?
En 2020, on nous annonce une loi sur le « séparatisme ». A-t-elle tenu compte de l’existant ? La loi du 13 novembre 2014 a été conçue pour contrarier les départs vers les terres du jihad (Syrie, Irak, …) et sanctionner les retours de combattants aguerris (hommes, femmes enfants). Déjà en 2015, des rapports parlementaires ont attiré l’attention des gouvernants sur la menace terroriste croissante. Ce sont :
- Assemblée nationale : rapports Pietrasanta n° 2173 du 22 juillet 2014 et Ciotti n° 2828 du 2 juin 2015 ;
- Sénat : rapport Goulet-Reichardt n° 388 du 1er avril 2015.
Ces rapports ont en commun d’attirer l’attention de la classe politique sur la menace terroriste croissante due aux groupes terroristes islamistes salafistes de la mouvance radicale (n° 2173 AN : p. 10 et suiv.), sur les conséquences des attentats des 7 et 9 janvier 2015 et de la cyber-attaque contre TV5 Monde (n° 2828 AN : p. 9 et suiv.) et sur l’existence de 1.432 ressortissants français partis vers les zones de combat irako-syriennes dont 119 femmes (n° 388 SEN : p. 9 et suiv.). En 2015, nous sommes sous la Présidence de François Hollande et le mandat ministèriel de Mme Christiane Taubira. Ces rapports semblent n’avoir pas été pris au sérieux pour des motifs idéologiques. Nous en subissons aujourd’hui les conséquences. Nous étions prévenus.
Conclusion
Il a fallu plusieurs années pour que l’ancien ministre des Finances Macron (2014-2017) élu Président de la République en 2017 change de paradigme et découvre l’islamisme, le désignant par son nom en octobre 2020. Pour lutter contre le « séparatisme » de l’Islam politique (jihadisme, islam politique et terrorisme), enfin les mots justes sont employés. Combien de deuils ? En moins d’un mois, Paris, Conflans, Nice ont enfin déclenché une timide répression qui doit aller en s’accélérant. Les mesures destinées à prévenir les retours de jihadistes doivent nous prémunir contre le 5e colonne des jihadistes installés et de leurs suppôts. Il nous faut encore recouvrer notre souveraineté en rendant effective la barrière sanitaire contre l’entrée d’individus indésirables futurs assassins porteurs de haine jihadiste et protéger nos ressortissants quelque soit la religion. Il y a des musulmans éclairés qui subissent aussi la haine de ces individus. Ils ont droit aussi à vivre en paix dans notre pays et doivent être protégés.
Monsieur Darmanin, ministre de l’intérieur, descendant d’un grand-père tirailleur algérien doit pouvoir continuer sa mission. Il a comme Directeur de Cabinet un Préfet qui sait ce que sont les services de renseignement dont il a été le coordonnateur auprès du Président. Son remplaçant devra poursuivre sa mission. Le lien entre les services de renseignement et les instances juridiques répressives doit être plus efficace et la loi doit être adaptée aux circonstances exceptionnelles devant lesquelles nous place le terrorisme islamiste. A l’abri du bouclier enfin opérationnels, un islam modéré, éclairé, débarrassé de l’obscurantisme, pourra enfin s’épanouir en France.
Un membre de l’ASAF