La Russie rendue amnésique par Poutine

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Un ami ancien auditeur de l’IHEDN (99e SR Lille 1980) don nous protégeons l’anonymat nous communique ce qui suit.


La revue trimestrielle Défense Géopolitique et Sécurité, dans son numéro 213 (octobre-décembre 2022) dénonce, sous la plume de Anna Colin Lebedev la politique de Poutine accusé d’amnésier le peuple russe et de réécrire l’histoire de l’URSS et de la Russie. Mme Colin est l’auteur d’un livre sur les relations Ukraine – Russie Jamais frères (éditions du Seuil, 2022). L’auteure est née en Russie mais ses parents ont émigré en 1989. Elle passe le Baccalauréat en France et accède au fonctions de Maître de Conférences à Renne (IUP). 

Comme nous l’avons souvent dit ici dans ce média, nous ne confondons pas le peuple russe et son immense culture avec les escrocs mafieux qui prétendent représenter la Russie dans ce qu’elle a de plus mauvais dans les guerres d’agression menées au nom d’une fierté mortifère. Poutine était qualifié par le KGB lui-même comme dangereux pour le service et pour lui-même. L’ancien voyou des rues de Saint-Peterbourg et ses copains ont pris les commandes de la Russie après l’effondrement de l’URSS. Il prétend restaurer la fierté de l’homme russe. Quelle fierté d’être un criminel de guerre, auteur de crimes contre l’humanité par l’intermédiaire de ses militaires !

Mémoires historiques Ukraine vs Russie

Les mémoires historiques de l’Ukraine et de la Russie, malgré la cohabitation au sein de l’URSS sont radicalement différentes. Pendant la Seconde guerre mondiales, le choc majeur entre Allemands et Soviétiques a eu lieu en Ukraine en grande partie. D’autre part, au moins 4 millions d’Ukrainiens ont combattu les troupes nazies au sein de l’armée soviétique. Nikita Khroutchev, successeur de Staline était politrouk soviétique mais originaire de la république soviétique socialiste d’Ukraine. Il est entré en uniforme de général soviétique dans Kiev libèré pour l’anniversaire de la Révolution le 5 novembre 1943. Il fut Premier ministre de la République soviétique socialiste d’Ukraine

Il y a eu en Ukraine des partisans soviétiques qui ont donné du fil à retordre aux Nazis allemands et aux collaborateurs ukrainiens (200.000 estimés ont intégré les forces allemandes). Ces chiffres ne sont pas pris en considération en Russie où on feint d’ignorer les 4 millions d’Ukrainiens qui ont combattu dans les forces soviétiques !

Appropriation de l’héritage de la lutte anti-nazie

Le discours russe actuel est d’assimiler l’Armée rouge (l’armée soviétique) de la guerre mondiale à la seule population russe. Cette interprétation erronée de la guerre est aussi transmise en France où on parle souvent du prix humain élevé payé par … la Russie ! C’est une terminologie erronée, la Russie s’arroge l’héritage global et devient celle qui a lutté contre le Nazisme allemand. Nier le rôle des Ukrainiens dans la Grande Guerre patriotique revient à nier l’existence d’une Ukraine distincte de la Russie et justifierait la Guerre actuelle.

Une mythologie russe après l’URSS

La volonté de cacher la contribution des républiques soviétique se manifeste vec l’arrivée de Poutine au pouvoir en 1999. L’histoire nuancée a été éliminée au profit d’un socle identitaire, une mythologie russe. Car dans la mémoire populaire, seul restait le fait de la Grande Guerre Patriotique, dans l’effondrement de l’URSS. Tout a été construit autour de la lutte de la Russie contre le nazisme !

Deux peuples au comportement divergent

Deux peuples, deux sociétés différentes pourtant modelées par l’Union soviétique. La géopolitique nous enseigne que l’Ukraine est un territoire compact qui peut être parcouru en train en une nuit alors que la Russie avec la Sibérie forme un archipel dont le parcours prende plusieurs jours. Le rapport au pouvoir est différent dans les deux pays.

Le citoyen ukrainien

Il s’agit bien d’un citoyen,  un « membre d’une ville ayant le statut de cité, ou plus générale d’un État. En France en 1789, le mot citoyen a remplacé celui de bourgeois », un acteur de la vie publique qui s’est impliqué dans la réserve militaire citoyenne, a pris en mains des sujets régaliens, contre coeur, certes, mais l’agression russe a transformé en atout pour l’état ukrainien cette société civile. Celà s’appelle l’initiative populaire. Une véritable garde nationale de réservistes s’est levée contre l’agresseur russe. Le soldat conscrit russe abreuvé de mensonges s’est trouvé face aux balles. La personnalité de Volodimyr Zelenski, celle de son gouvernement et d’un certain nombre d’acteurs de terrain ont fait la force d’un peuple luttant contre son indépendance. Ils on donné aux Ukrainiens agressés la certitude que l’État était là et que celà valait la peine de s’investir pour lui. L’union du Peuple et de son Armée !  Si Zelenski avait quitté Kiev, les Russes auraient trouvé en face d’eux une armée de partisans ukrainiens.

La violence institutionnelle érigée en mode de gouvernement, héritée du système soviétique haï, a fait place en Ukraine à une démocratie naissante qui s’est renforcée.

Les héritiers des serfs russes

L’histoire de la Russie est marquée par le servage. Le servage fut aboli en 1861. La violence institutionnelle a été érigée en mode de gouvernement par l’Ottokrat-tyran Poutine, héritant ainsi d’une longue hérédité qui n’a pas été abolie par Staline et ses successeurs ! L’état russe est maltraitant, maltraitance qui concernait des institutions fermées (hôpitaux, internats, institutions pour handicapés, orphelinat, armée, …). Dans l’armée russe, un mode de gestion des ressources humaines est la violence. Depuis 1995, en passant par 2009, la Russie n’a cessé d’être une sociétéen guerre (Tchetchénie, …). Dans l’armée russe, la violence n’est pas une dérive, c’est un mode de fonctionnement habituel. Les conscrits les plus âgés se voient déléguer pas les officiers la gestion de la discipline, des sous-officiers au rabais. Le niveau de violence est élevé, la violence est limitée et ne doit pas entraîner de mort ni de mutilation.

L’armée est devenue une armée de contractuels où se pratique le racket. Ces pratiques d’extorsion du le pays occupé ont été constatées en Ukraine (pillages, vols, …). Cette contractualisation a mis le régime poutinien  à l’abri avec un contrat implicite noué avec la population, le pouvoir ne vient pas s’immiscer dans la sphère privée, en principe. Ceci explique ce nom d’opération spéciale.

Vous avez dit Opération speciale

Depuis l’effondrement de l’URSS, les Russes ont éprouvé le besoin très fort d’une vie sereine et de ne pas être asservis à l’état. L’aspiration à une vie authentiquement privée leur a fait accepter un accord tacite proposé par Poutine et de vivre sur la cagnotte financière gonflée avec la vente des hydrocarbures. La sphère privée ainsi constituée a lobotomisé les Russes, les éloignant de la vie politique et militaire. La contractualisation de l’armée russe a fait que la guerre (voïna) est devenue un évênement lointain conduit par des professionnels. L’effet des sanctions internationales a été amorti par le gros coussin amortisseur (airbag) monétaire. La population anhésthésiée a fermé les yeux sur l’opération spéciale en Ukraine, comme en Crimée, etc.

La mobilisation, même partielle, a rompu le contrat, du coup il fallait aller mourir sur un territoire présenté comme appartenant à la Russie ! Personne maintenant en Russie, même en lointaine Bouriatie, ne se fait d’illusions. Les mobilisés inondent déjà les réseaux sociaux de leurs mésaventures guerrières : manque d’équipements, de nourriture, de rations périmées, etc. L’opération spéciale dit son nom : une guerre coloniale, illégale, des crimes de guerre, des bombardements contre des civils.

La fin des dictateurs

L’hebdomadaire Le Point n°s 2028-2029 (16 et 22 décembre 2022) nous détaille dans son supplément la fin de quelques dictateurs et nous donne un scénario de fiction de la chute de Poutine. De Hitler à Kadhafi en passant par Mussolini, Mao Zedong et Franco, le mensonge appraît comme le moyen des otto-krates historiques de se maintenir, avec la police politique (Gestapo, KGB, etc.) et le contrôle des médias (propagandastaffel, etc.). Hitler s’est suicidé et a été incinéré dans un trou d’obus avec sa femme, Staline a agonisé dans son urine (une mort lente).

Réfléchissez Monsieur Poutine, vous n’y échapperez pas. Ce n’est pas l’eau bénie par votre Patriarche de service ex Guébiste qui rendra vos casseroles volantes invulnérables. Il y a un Seigneur d’En-Haut qui vous jugera. Les USA comptent beaucoup de citoyens d’origine ukrainiens, lettons, lituaniens, esthoniens, polonais ou russes qui aiment la Russie mais pas Poutine et sa clique.

Les USA font la guerre à la Russie par Ukrainiens interposés !
Vivement la Paix !

D’après « Le Point »

Le Père Siffleur
ASAF34

 

 

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