Trois livres complémentaires à lire absolument
Argos Panoptes
Nous observons, nous avons l’oeil !
Intro
On nous a signalé la parution de deux livres publiés par deux universitaires, nous avons lu le premier, le second est en cours. Nous les commenterons lors de la prochaine réunion du Comité de défense IHEDN à Castelnau-le-Lez.
L’enquête sérieuses, la connaissance profonde de ces deux universitaires doit nous interpeller. Le jihadisme est bien implanté dans notre pays, dans les quartiers et les prisons avec des allers-et-retours dans les territoires de l’EI (DAECH ou DAWLA) en Syrie et en Irak.
1 – Edouard Vuiart – Après DAECH : la guerre idéologique continue (2017)
Cet ouvrage de 166 pages écrit par un universitaire analyse en détail ce qui va se passer maintenant de DAECH ou l’Organisation de l’Etat islamique appartient au passé. Ce califat éphèmère va inéluctablement briser l’unité de l’organisation. La fin de DAECH comme proto-état ne signifie pas réellement la fin du phénomène jihadiste. C’est la mort d’un état fantoche, pas d’un ennemi qui déclare qu’il ne sera jamais vaincu.
Comment la menace va-t-elle évoluer dans un avenir proche ? Quelles sont les pistes politiques et théologiques à envisager pour y faire face ? Nos gouvernants n’ont pas pris les mesures nécessaires, les deux ouvrages qui suivent, 3 ans après le montrent.
2- Hugo Micheron.- Le jihadisme français : quartiers, Syrie, prisons (déc. 2019)
Ce livre est une thèse soutenue devant une autorité universitaire française (Sciences Po puis ENS), préfacé par Gilles Kepel. C’est un travail de chercheur, non de politicien, un travail académique sérieux, dénué de tout parti-prix idéologique. Comment expliquer l’attrait du jihad syro-irakien sur une partie de la population française ? Le diagnostic général permet de comprendre une dynamique restée inaccessible à certains de nos hommes politiques et d’une grande majorité des éditorialistes des médias écrits, radiodiffusés ou télévisés. Qui a encore en tête le « cafouillage au plus haut niveau du ministère de l’Intérieur avant que le Parquet national antiterroriste (PNAT) se soit saisi de l’affaire [Mickaël Harpon] » ? Cette affaire qui a éclaté comme un coup de tonnerre dans le ciel serein d’un service de renseignements, au sein de la Préfecture de Police de Paris. Quatre fonctionnaires furent assassinés par un agent administratif, un employé à la maintenance informatique de la Direction du renseignement. Ayant exercé pendant plus de 15 ans le travail de gestionnaire de haut niveau d’un ensemble ministèriel de serveurs, je peux attester que cet individu avait accès à des informations qui auraient dû être hautement protégées : il avait les identifiants et les mots de passe lui permettant de lire tout ! Un tel poste n’aurait dû être confié (ou surveillé) qu’à un fonctionnaire de haut-niveau et non à une personne fréquentant une mosquée dont l’imam était inscrit sur une « fiche S ». Celà s’appelle « mettre un loup dans la bergerie » ou « faire l’autruche la tête dans le sable ». Le journaliste qui a révélé l’affaire a manqué d’être sanctionné par sa hiérarchie. Le terroriste était « habilité secret défense » !!! Une loi sera votée pour radier les fonctionnaires dits « radicalisés ». Le problème est qu’en l’absence de compréhension des « signaux dits faibles » et de ce que sont les jihadistes qui nous ont déclaré la guerre, il est difficile de détecter ces combattants d’un nouveau type. La lutte est asymétrique car nous les connaissons mal, eux nous connaissent bien, dans les quartiers, les prisons et sur les théâtres extérieurs d’opération (OPEX) comme intérieurs (OPINT).
Cinq années d’investigations de l’auteur, avec l’aide d’étudiants arabophones, nous apportent une autopsie, une dissection de ce corps hautement nuisible dressé contre nos valeurs républicaines qu’ils abhorrent et haïssent ! Comme le souligne Gilles Kepel, c’est une « reconstruction historique et géographique à la précision jamais atteinte ».
Nous avons particulièrement retenu la conclusion de cet ouvrage qui résume bien le contenu de l’ouvrage. Les politiciens qui gouvernent notre pays, les médias, … sont pointés du doigt pour leur grande ignorance de ce qu’est le jihadisme, idéologie politique qui se cache derrière une religion, l’islam. Ce mouvement vient en droite ligne de l’interprétation (erronnée ?) de livres réputés saints (Coran et Hadiths) et des écoles de pensée qui se sont succédées; J’ai nommé le hanbalisme, le wahhabisme et récemment (une centaine d’années) les Frères Musulmans (ikhwan). Les « machines de prédication jihadistes » ont profité de l’implantation des tablighs (tablighi) et des salafistes (salafi) dans les territoires pour recruter, faire des « braquages de cerveaux » sur des jeunes au nom de la pureté islamiste !
L’espoir, comme l’ont souligné certains éditorialistes avertis vient de ce que nous comprenons maintenant la logique à l’oeuvre dans « la suite des drames qui ont marqué l’histoire récente de la France » mais aussi de nos voisins (Belgique, Pays-Bas, Allemagne, Grande-Bretagne, Espagne, etc.) et plus loin en Afrique, en Amérique et en Extrême-Orient. L’espoir est de vaincre cette idéologie subversive qui avance masquée sous le couvert (taquiya) d’une religion qui se veut de paix et de miséricorde pour la majorité des musulmans.
3 – Bernard Rougier (sous la direction de).- Les territoires conquis de l’Islamisme (jan. 2020)
Ce livre est annoncé dans celui de Hugo Micheron. C’est un ouvrage collectif écrit par des universitaires et des étudiants arabophones (anonymisés). Nous dirons qu’il s’agit plutôt des « Territoires perdus de la République » mais le titre a déjà été pris il y a une dizaine d’années par un rapport resté sans suite. Ici se raconte l’histoire d’une prise de contrôle malveillante pour nos institutions par des groupes se réclamant d’une idéologie basée sur l’Islam, l’islamisme. Cette entreprise de subversion avance sous couvert de la religion des musulmans, dispose d’une arme idéologique, l’islamophobie qui prétend que la laïcité républicaine est une oppression, une entrave à la liberté religieuse et de conscience, afin de subvertir -lentement mais sûrement – nos territoires nationaux et ceux des pays du nord de la Méditerranée. Ilq vont même prétendre être victimes de « racisme anti-musulman ». Quel cynisme ! Il n’y a pas de race musulmane, il y a des musulmans de toutes couleurs et races, même des français convertis !
Cet ouvrage, annoncé par Hugo Micheron, vient donner un angle d’approche différent par des universitaires qui se défendent de tout parti-pris politique : « L’accusation d’islamophobie répond à une volonté d’intimider ceux qui, de plus en plus rares, s’efforcent de rattraper le temps perdu en reconstruisant un savoir objectif sur ce qui se passe réellement dans les quartiers des grandes ville depuis une vingtaine d’années. ». Il s’agit de vaincre l’épistémiologie postmoderne qui prétende invalider le savoir universitaire.
La structure de l’ouvrage qui réunit différentes contributions ne permet pas d’y inclure une conclusion générale. Cet ouvrage complète celui de Hugo Micheron et peut se prévaloir de sa conclusion. Ils forment pour nos décideurs un ensemble de référence. C’est là une véritable encyclopédie de l’idéologie islamique ou l’Islamisme. Le livre révéle le rôle des hadiths dans les mouvements islamistes (ikwani, salafi, tablighi, jihadi).
4 – Nous ne pourrons plus dire nous ne savions pas
Longtemps, les savoirs sur le sujet du jihadisme (et non du djihadisme) ont été cachés. Il ne fallait pas donner aux partis d’extrême droite des arguments ! La politique de l’autruche ne met pas l’autruche à l’abri des prédateurs qui se régalent de sa bêtise. Casser le thermomètre ne met pas à l’abri de la fièvre. « Mal nommer les choses ajoute à la misère du monde » disait Albert Camus. Railler les écrivains qui annoncent l’implication des jihadistes nouvelle vague dans la sphère politique ne sert à rien. L’exemple de Bagnolet devrait nous alerter sérieusement. A bon entendeur, salut.
Un Ancien-Auditeur IHEDN
Membre de l’association de soutien à l’armée française (ASAF)